Lucebert

Lubertus Jacobus Swaanswijk, plus connu sous le nom de Lucebert, naît le 15 septembre 1924 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Issu d’une famille modeste, cela l’oblige dès son jeune âge à jongler entre ses rêves artistiques et les réalités économiques. À 15 ans, il est admis à l’Institut des arts et métiers d’Amsterdam, où il découvre les mouvements avant-gardistes Dada et Surréalisme. Cependant, il est contraint de cesser ses études pour entrer dans la vie active.

Malgré cela, Lucebert se consacre à l’écriture et au dessin. Lors de son séjour à Paris en 1948, il développe une poésie expérimentale, influencée par les rythmes du jazz. Il rencontre le poète Gerrit Kouwenaar, qui l’introduit dans le milieu littéraire néerlandais avant-gardiste. Appartenant au Mouvement de 50, Lucebert défend une approche poétique basée sur l’improvisation, la spontanéité et la création d’une langue nouvelle, qu’il appelle la langue « analphabétique », en réaction contre les systèmes dominants.

Lucebert se rapproche des artistes du groupe CoBrA. Il participe à sa première exposition au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1949, où il présente des « poèmes-peintures ». Sa collaboration avec des peintres tels que Karel Appel et Corneille enrichit son univers artistique, où la naïveté et l’expression spontanée s’entremêlent. En 1955, il reçoit une bourse de l’académie des Beaux-Arts de Berlin, et en 1959, le Stedelijk Museum lui consacre une première grande exposition.

La peinture prend une place de plus en plus importante dans son œuvre au cours des années 1960. Lucebert crée des tableaux peuplés de figures grotesques et de créatures fantastiques, souvent inspirés de dessins d’enfants. Sa technique, faite de taches et d’éclaboussures, reflète son aversion pour tout système rigide.

Après une pause artistique dans les années 1970, Lucebert reprend la plume au début des années 1980 et publie plusieurs recueils jusqu’à sa mort, survenue le 10 mai 1994 à Alkmaar.

Cet artiste incarne la liberté d’expression et l’expérimentation, tant dans ses écrits que dans ses créations visuelles. Sa phrase emblématique, « Alles van waarde is weerloos » (Tout ce qui a de la valeur est impuissant), résume parfaitement son approche artistique et sa vision du monde. Son œuvre est conservée dans de prestigieuses institutions telles que le Rijksmuseum à Amsterdam, le MoMA et la fondation Guggenheim à New York, et la Tate Gallery à Londres.